Le pape des escargots

Pour mon travail de diplôme de l’EPAC (Ecole Professionnelle d’Art Contemporain à Saxon), j’ai mis en BD les 20 premières pages d’un roman d’Henri Vincenot. Ce dernier retrace les pérégrinations d’un vieux druide qui a su traverser les âges avec ses tares et son savoir. Ce vieux mi-fou mi-sage a pris sous son aile un jeune du village qui préfère user de son talent en sculpture plutôt qu’aux travaux champêtres. Ensemble, il vont revenir sur les mystères des peuples celtes enfouis sous les décombres de la société chrétienne…

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Je lis peu mais quand cela m’arrive, parfois, je dévore plus que je ne lis. Comme beaucoup des livres qui m’ont un jour plu, « Le pape des escargots » a longtemps traîné dans mes pattes et sous mon nez sans qu’il n’attire mon attention plus que cela. Il avait pourtant l’air de me tendre les bras. Il me criait: « ouvre-moi… mais ouvre-moi donc, imbécile » et je n’entendais rien… jusqu’à ce que le destin se décide à nous unir.

Dans cet ouvrage, je découvris plusieurs des thématiques qui me taraudent régulièrement. Sans jamais prendre parti, Vincenot, met en balance plusieurs aspects de notre société. On y trouve les deux grandes aspirations ancestrale de l’homme. D’un côté, les tentations charnelles, les plaisirs de la table, l’ivresse du vin, les charmes des femmes et, de l’autre, la création dans ce qu’elle a de transcendantale, de spirituelle et de sacrée. Depuis longtemps, je vis avec ces deux pôles et depuis longtemps, malgré ma relative jeunesse, je me demande s’il faut tendre vers l’un ou l’autre ou s’il ne sont pas finalement compatibles et faisant l’objet d’un tout.

En ayant touché à cela et en l’ayant placé comme l’une des questions constitutives de son récit. L’auteur avait déjà fortement suscité mon intérêt. De la même manière, l’écrivain crée une ambivalence entre les gens « normaux » intégrés à un rythme et des coutumes taditionnelles et ceux, à contre courant, retirés ou considérés comme fous. Il y a cette omniprésente tension entre la plaine, les gens… et la montagne, la solitude, entre le populaire et l’extraordinaire entre le travailleur et le fainéant, etc.

Au centre de cette toile, Vincenot nous à créé la Gazette, ce personnage taciturne, impulsif, colérique et mystique. Il navigue entre une sorte de foi aveugle et obtue et une rigueur mathématique très cartésienne. Gazette, le vieux druide, flotte entre le mysticisme et le savoir inspiré des plus grandes civilisations.

Jamais, l’auteur ne s’aventure à donner raison à une tendance plutôt qu’à une autre et cette attitude apporte beaucoup de crédibilité et d’intérêt à toute l’histoire. Moi-même à la recherche d’une identité à travers ses grandes questions, le mythes faces aux sciences rationnelle, les plaisirs de la fêtes face à la méditation artistique. Je décidai donc avec force conviction de m’attaquer à l’illustration du début de ce roman.

Quelques mots sur Vincenot

Né à Dijon en 1912, Henri Vincenot était un véritable Bourguignon qui revendiquait clairement son appartenance à sa région. On sent de manière limpide, à la lecture de son livre, son attachement à ce coin de campagne et, parallèlement, sa méfiance envers les grandes villes et technocrates méprisants. Il passe son enfance dans les monts de Bourgogne, à Châteauneuf, d’où sa famille est originaire. Après avoir terminé des études commerciales, il séjourna au Maroc puis collabora pendant plus de vingt ans à « La vie du rail » en tant que rédacteur de cette revue. Par l’intermédiaire de plusieurs personnages à travers le récit, notament la Gazette, Vincenot nous décrit une France en pleine mutation. De cette campagne préservée et quelque peu conservatrice émerge les côtés, bons ou mauvais, du progrès. Des autoroutes coupent maintenant les chemins ancestraux de la Gazette, des HLM poussent comme des champignions aux abords des grandes villes et des curés matérialistes remplacent ceux, bedonnant et bon vivants qui exerçaient leur profession de foi plus proche des préoccupations quotidienne des villageois. Parfois, quelques sordides commerçants d’art (ou d’artistes) débarquent dans ces coin reculés pour les dépouiller de leurs richesses. Les revendications estudiantines propres à changer en profondeur la société semblent en revenche mettre plus de temps à parvenir en ces lieux où les métiers s’exercent encore de père en fils et ou les légumes sont plantés et récoltés selon consultation de l’almanach. Connu pour ses romans, Walther, ce boche, mon ami / prix Eckermann; La pie saoul / Les chevaliers du Chandon / Le pape des escargots, prix Sully Olivier de Serre / et ses ouvrages historiques sur la vie du rail ainsi que la Bourgogne au temps de Lamartine, Henri Vincenot ajoutait à ses dons d’écrivain, un talent de peintre et de dessinateur. A partir des années soixante, il vécut à Commarin, partageant son temps entre la peinture, la littérature, les travaux campagnards, quand il n’était pas dans son village de la Pourrie autrefois abandonné et qu’il s’attela à reconstruire avec l’aide de ses enfants.

Une réflexion au sujet de « Le pape des escargots »

  1. Bonjour/ Bonsoir !

    … où en est votre BD « le pape des escargots « ?
    …éditée ?!…
    …merci pour votre réponse…

    …Bien à vous !
    Chris

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